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— Je sais, je sais. Vous n’avez pas besoin de m’apprendre que vous êtes un mouchard.

— Qu’est-ce que tu dis ? crièrent en même temps les deux Magnon.

— Je dis que vous êtes des mouchards ! vous, le vieux, vous en êtes un, et vous, le gars, aussi ! vous êtes connus pour ça !

Florentin entendant les voix monter avait quitté son travail. Il vint se placer à côté du valet et le tira par le bras en essayant de l’apaiser. Mais Séverin se dégagea d’une secousse.

— Laisse-moi, Florentin ! Je veux leur dire ce que j’ai sur le cœur.

Puis, tendant le poing vers les chasseurs :

— Sales mouchards ! cria-t-il, vous m’avez vendu ! vous êtes tous pareils, tous les porteurs de permis, tous les riches ! avec toutes vos rentes, vous êtes jaloux des crève-de-faim. Quand on vous dit qu’un valet a tué un lapin et qu’il l’a vendu pour payer le boulanger, vous courez chez les gardes et chez les gendarmes. Je le sais bien, allez ! que vous m’avez vendu ! Et maintenant vous venez me honnir, sales mouchards que vous êtes ! Vous allez me faire avoir un procès. Eh bien ! je m’en fiche de votre procès, de vos gardes et de vos gendarmes, et je me fiche de vous ; à vous trois qui êtes là, vous ne valez pas une gifle !

Rouge, les yeux exorbités, sous la menace d’un coup de sang, M. Magnon s’étranglait à crier :

— Voleur ! Canaille ! tu me le payeras ! tu iras en prison, il y a des témoins… tu iras en prison, fripouille !