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sont pas rudes en ce moment, ça leur fera du fricot.

Mais Florentin, qui maniait la bête, fit remarquer qu’elle avait une patte cassée ; elle avait reçu un coup de fusil. Alors ils se rappelèrent avoir entendu des aboiements et deux détonations sur la gauche, quelques instants plus tôt.

— Les chasseurs vont arriver, dit Florentin ; ce sont les maîtres… ton affaire n’est pas claire.

— Nom de nom ! je n’ai pourtant pas envie de leur laisser ce lièvre.

— Tu serais bien bête ! d’ailleurs, si tu le laisses, ils te chercheront chicane tout de même. Cache-le donc, et vite ! moi, je me sauve.

Pendant que le jeune homme se hâtait vers son outil, Séverin lança le lièvre dans le tombereau et vida par-dessus un sac de pommes de terre. Puis il se remit au travail. Il était temps ; des aboiements furieux se faisaient entendre dans le champ voisin, de l’autre côté de la route ; les chiens avaient retrouvé le pied ; ils percèrent la haie à leur tour et se précipitèrent entre les sillons. Arrivés au milieu du champ ils se séparèrent, revinrent en arrière et se séparèrent encore.

À ce moment, un gros homme essoufflé enjamba l’échalier à côté de Florentin. C’était M. Magnon père.

— As-tu vu la bête, demanda-t-il au jeune homme ?

— Quelle bête ?

— Un lièvre.

— Un lièvre ?

— Oui, un lièvre que j’ai tiré tout à l’heure ?

Le gars dit enfin de sa voix lente :