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— C’est comme ça ! Eh bien, fichez-moi le camp ! nous nous retrouverons, mon vieux ; vous me paierez ça plus cher qu’au marché, et quant à votre valet, nous allons nous en occuper ; vous pouvez l’avertir si vous voulez ; le diable m’emporte s’il n’est pas pincé !

Séverin fut pincé en effet, mais pas tout de suite, car sur l’avis de Chauvin — et se sentant d’ailleurs étroitement surveillé — il cessa d’aller à l’affût.

Il fut pincé un an plus tard, au mois de septembre, en plein jour et par M. Magnon lui-même.

C’était dans la soirée, vers quatre heures. Le plus jeune des Chauvin, Florentin, arrachait des pommes de terre le long de la haie bordant la route. Séverin, lui, travaillait au milieu du champ près d’un tombereau vide ; il piochait machinalement. Soudain Florentin cria :

— Séverin ! Séverin ! un lièvre !

Un lièvre avait en effet percé la haie à côté du jeune homme et, par une raize, il venait droit sur le valet. Celui-ci, instinctivement, lâcha son pic, saisit un aiguillon qui se trouvait à côté de lui, se baissa vivement et, de toutes ses forces, lança un coup rasant.

Le lièvre, touché au museau, eut un couic ! prolongé. Deux ou trois soubresauts l’agitèrent, puis il s’allongea entre deux sillons. Séverin fit signe à Florentin qui accourut. Ils examinèrent le lièvre ; c’était un jeune, il pesait dans les cinq livres.

— Ça se trouve bien, dit Séverin ; mes drôles ne