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panier assez large pour barrer tout le courant ; il réussit à prendre une assiettée de petits poissons. Quand l’été fut venu et que le ruisseau fut presque à sec, Séverin épuisa des trous. C’était une pêche fatigante et cela pouvait rapporter un procès, mais les enfants se régalaient au retour. Un jour, il prit une anguille, une autre fois ce fut un cent d’écrevisses que la Gustine, par complaisance, porta au marché et vendit trente sous.

À vrai dire Séverin prenait goût à la pêche. Il passait tous ses dimanches au bord de l’eau, l’oreille au guet par crainte des gendarmes. Il en arriva à rêver des coups plus fructueux. Une nuit il essaya de prendre des grenouilles en les attirant avec une chandelle ; il avait entendu dire que l’on réussissait ainsi des pêches étonnantes, mais il ne prit rien. Une autre fois, un samedi soir, il voulut emmener Gustinet pêcher dans la Sèvre, très loin ; heureusement, Gustinet refusa ; il craignait l’eau, ne s’étant baigné que deux fois, pendant son service.

D’anciens désirs de braconne se réveillaient aussi en Séverin. Il commençait à suivre de l’œil les vols de perdrix et à relever la trace des lièvres ; mais il hésitait à chasser à cause des désagréments certains que cela lui amènerait ; il se souvenait de son défunt père à qui la réputation de tendeur de lacets avait fait si grand tort.

Pourtant un jour il attrapa un écureuil vivant qui lui fut acheté cinq sous ; la semaine suivante, il trouva une nichée de lapins et réussit à prendre tout, la mère et les petits.