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Chauvin courut au village et revint avec le char à bancs jusque dans le pré. Puis ayant reconduit Delphine aux Pelleteries, il s’en fut quérir la sage-femme et la grand’mère Bernou des Arrolettes. Quand elles arrivèrent, elles trouvèrent Delphine toute changée par la douleur et Séverin affolé. La sage-femme déclara qu’il fallait un médecin. Chauvin retourna donc au bourg ; le médecin était en tournée ; il vint le soir à la nuit tombante.

Il vint à la nuit tombante et ne partit que le lendemain, à l’aube, quand fut né l’enfant, un garçon bien constitué d’ailleurs.

Ce médecin était un homme d’une quarantaine d’années, très bon, adoré de tout le monde, mais très brusque. Comme il s’en allait, Séverin le suivit pour l’interroger.

— Il est sauvé, ton gosse, répondit-il simplement.

— Et elle, monsieur ? Y a-t-il du danger ?

— Je repasserai dans la journée ; faites tout ce que je vous ai dit.

Séverin ne put rien savoir de plus ; il revint au chevet de sa femme.

On revit en effet le médecin dans la soirée ; la malade avait une fièvre intense et souffrait beaucoup ; le médecin sortit l’air furieux. Séverin courut derrière lui.

— Monsieur ! parlez-moi, monsieur !

— Eh bien ?

— Qu’en pensez-vous, monsieur ?

Le médecin se retourna tout à fait et toisa cet homme pâle qui tremblait.