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M. Caillas s’emporta.

— Vous ne pouvez pas attendre une minute ? nom de nom ! Vous croyez que je suis à vos ordres ! Allons, signez donc, Pâtureau, nous aurons peut-être la paix, ensuite !

Séverin lentement, traça son nom en grosses lettres. Le bec de la plume, en remontant pour le dernier jambage, piqua dans le papier, et un peu d’encre sauta sur la feuille.

— C’est ça ! fit l’autre, barbouillez, maladroit ! Enfin, ça y est, maintenant, allez-vous-en, puisque vous êtes si pressés.

Séverin et Maufret sortirent.

— Au revoir, monsieur Caillas ! Au revoir, madame Caillas !

— Au revoir… au revoir…

— Nous avons encore eu de la chance, dit Maufret, comme ils remontaient la rue du village. Nous avons eu de la chance que le Caillas ait tué ses trois lapins dans la matinée ; il a été presque riant. Je me rappelle des fois où il n’était pas abordable. Il n’est peut-être pas mauvais garçon, dans le fond, c’est sa femme qui le gâte. C’est une triste bique, elle, par exemple ! Séverin répondit du fond de sa gorge :

— Oui, vous pouvez bien le dire, une triste, sale, vieille bique !

Moins fatigué que son compagnon et de sang plus vif, il rétivait davantage sous l’affront. Et puis cette platée de viande jetée aux chiens lui semblait un insolent péché.

Il songeait avec amertume que Delphine, après avoir