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en les voyant venir, avait fermé la grande porte du côté de l’aire ; mais elles firent le tour des bâtiments et entrèrent par le fournil. La vieille, manches relevées, était penchée sur un seau d’eau grasse au fond duquel elle écrasait des pommes de terre bouillies ; elle les regarda en dessous sans tourner la tête, puis comme si elle eût été seule, elle se releva et sortit. Les deux autres l’entendirent qui grommelait après les cochons et qui traînassait ses sabots avec l’air de ne pas se hâter.

Alors, la Maufrette s’avança sur le seuil et cria :

— Loriote, si ça ne vous ennuie pas, vous viendrez ici ; nous avons affaire à vous ; et puis nous sommes pressées, vu que c’est l’heure de la messe.

— Ah ! moi, j’ai affaire à mes gorets, rien ne presse chez nous.

Il fallut attendre ; à la fin elle revint et laissant tomber son seau :

— À cette heure, que voulez-vous ? demanda-t-elle.

— Nous venons pour l’argent ; dis-lui ton compte. Delphine.

Delphine, un peu effrayée par cette grande vieille, balbutia :

— Dame ! Séverin a enragé le quinze ; ça fait juste vingt-deux pistoles.

La Loriote ricana :

— Vingt-deux pistoles ! Tu sais compter, jarni ! cela en vaudrait tout au plus dix-huit, puisque c’est le temps d’ouvrage qui reste à faire. Mais c’est pas tout ça ! notre valet a enragé, il a battu ceux d’ici ; nous ne lui devons rien.