le porche
Marchaient. Voyez, dit Dieu, cette petite, comme elle
marche. Regardez-moi voir un peu. Les autres, les deux autres marchent comme des
grandes personnes, ses deux grandes sœurs. Elles
savent où elles sont. Elles sont décentes. Elles savent
qu'elles sont dans une procession. Surtout une procession de la Fête-Dieu. Où l'on porte le Saint-Sacrement. Elles savent ce que c'est qu'une procession. Et qu'elles sont à la procession, à la tête de la procession. Elles vont à la procession. Elles se tiennent bien. Elles
s'avancent comme des grandes personnes. Sérieuses. Qui sont toujours un peu fatiguées. Mais elle elle n'est jamais fatiguée. Voyez voir un peu.
Comment elle marche. Elle va devant vingt fois, comme un petit chien, elle
revient, elle repart, elle fait vingt fois le chemin. Elle s'amuse avec les guirlandes de la procession. Elle joue avec les fleurs et les feuilles Comme si ce ne fussent point des guirlandes sacrées. Elle jouerait à sauter par dessus les feuillages Frais coupés, frais cueillis. Jonchés. Elle n'écoute rien. Elle ne tient pas en place dans les
reposoirs. Elle voudrait tout le temps marcher. Aller de l'avant. Sauter. Danser. Elle est si heureuse. (O peuple, peuple jardinier, qui pour les processions Fais pousser les roses de France.
Jardinier du roi, jardinier de fleurs et de fruits, jardinier d'âmes
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