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tail même, somptueusement orné les douze apôtres y veillent aux pieds du Christ ; puis, tout le chevet de la cathédrale, avec ses deux rangs de fenêtres, ses contre-forts, ses clochetons, et tout autour une balustrade élégante, gardée de distance en distance par des anges qui déploient leurs ailes. Une imagination complaisante supposerait volontiers que ces habitants du ciel sont les vrais architectes de l’aérienne cathédrale, et qu’ils veillent à sa défense. Ce serait assez pour faire une belle église. Mais celle de Burgos a deux ornements qui la distinguent entre toutes. A l’endroit ou la nef et le transsept se coupent pour former la croix, une large tour octogone (el Crucero) s’élève jusqu’à la hauteur de deux cent trente pieds. Deux rangs de fenêtres l’éclairent, et des huit angles se détachent huit petites tours, toutes découpées, toutes peuplées de saints, toutes terminées par de fines aiguilles. Derrière l’église, la coupole de la Chapelle du Connétable, moins élevée, mais toujours octogone, reproduit la même décoration. Ce sont comme deux diadèmes que porte cette reine des basiliques espagnoles. On raconte que Charles V, à la vue de Crucero, fut frappé d’admiration. « Il faudrait, dit-il, mettre ce joyau dans un écrin, et le traiter comme une chose qui ne se voit pas tous les jours et qui se fait désirer. » Assurément l’étranger qui passe ne forme pas le même vœu que Charles V ; mais, ravi de cette cathédrale, il ne peut s’empê-