Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/72

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et des pleureuses de Notre-Dame de Brou. Les arabesques du tombeau de l’infant me rappellent les plus aimables fantaisies des sculpteurs italiens. Ainsi l’histoire de la poésie se répète dans l’histoire des arts ou plutôt c’est le même génie poétique qui tient la plume et le ciseau. Mais en Espagne le ciseau fut d’abord plus puissant que la plume. Il fit plus que répandre la grâce et l’élégance, il donna a l’âme et la pensée. La seule église de Miraflores, ce monument funèbre, contient plus de vie que le cancionero de Baena ; et la renaissance espagnole a déjà rencontré le beau dans les arts, qu’elle le cherche encore dans les lettres. Toutefois, en descendant un peu au-dessous du roi Juan II, je trouve le souvenir de son temps dans des vers qui ne sont pas indignes d’être cités ici, et qui font revivre un moment la splendeur de cette cour savante et frivole « Qu’a-t-on fait du roi don Juan ? Les infants d’Aragon, qu’en a-t-on fait ? Qu’est-il resté de tant de galanterie, de tant d’invention qu’ils portaient dans leurs jeux ? Les joutes et les tournois, les parures et les broderies, et les cimiers, autant de rêves. Que furent ces choses, sinon la verdure des jardins ?»

« Qu’a-t-on fait des nobles dames, de leurs coiffures, de leurs vêtements et de leurs parfums ? Que sont devenues les flammes des foyers allumés chez ceux qui aimaient ? Qu’a-t-on fait de cet art des troubadours, de ces instruments bien accordés ?