Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/542

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

croyait du moins fidèle. Accablé de ce dernier coup, peu de jours après il expira dans le désespoir. Mais cette fatalité qui pesait sur sa famille ne finit point avec lui. Richard avait coutume de dire : « Nous venons du diable, au diable il faut que « nous retournions » Cet oracle sinistre sembla poursuivre à travers les siècles la dynastie des Plantagenets, dynastie odieuse qui porta partout avec elle, en France, en Espagne, en Irlande, en Angleterre, le deuil et la désolation, perdit avec le temps le vaste domaine de l’impure Éléonore, se déchira elle-même, donna à l’Europe occidentale le spectacle des égorgements du Bas-Empire, et s’éteignit dans la guerre des deux Roses, ensevelie dans la boue et dans le sang, vouée à la haine des contemporains et de la postérité. Tel fut le jugement de Dieu.

Trois cent soixante-sept ans après la mort de saint Thomas, un homme se rencontra qui osa réformer ce jugement. Au temps où toutes les pensées d’Henri VIII étaient tournées vers l’établissement de sa suprématie spirituelle, le souvenir de saint Thomas de Cantorbéry lui revint. Il vit se dresser devant lui l’ombre de cet athlète de l’Église romaine qui avait terrassé un roi. Alors, pour se délivrer de cette apparition importune, il conçut le dessein de tenter ce qui est impossible au Tout Puissant lui-même, et de défaire le passé. Par une dérision impie des formes de la justice, il fit citer