Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/540

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des limites de la fragilité humaine, au-dessus des atteintes de ses ennemis, comme le soleil que toute la poussière que nous faisons ici-bas ne peut obscurcir. Le peuple, avec un admirable instinct de reconnaissance, courut aux funérailles de ce pasteur, qui avait donné sa vie pour lui des miracles nombreux illustrèrent sa sépulture l’Angleterre tomba à genoux et le proclama saint ; toute la chrétienté répéta le cri de l’Angleterre, et l’Église ratifia le vœu de la chrétienté. Cette décision fut accueillie avec transport, et l’enthousiasme revêtu d’une sanction légitime redoubla. Des liturgies sacrées, des hymnes, des panégyriques, furent composés à sa louange ; sa légende vint s’ajouter comme une perle de plus au poétique trésor des légendes des Saints les simples et les pauvres célébrèrent son nom dans des cantiques populaires. De longues processions de pèlerins s’acheminèrent vers Cantorbéry, et, jusque dans les contrées les plus lointaines, des basiliques s’élevèrent sous l’invocation de saint Thomas. Une récompense encore plus magnifique lui fut décernée : son sang avait payé la rançon de l’Église, l’Église reconquit sa liberté. Le tombeau de saint Thomas fut placé entre elle et les rois comme un abîme que ceux-ci n’osèrent franchir, et il y eut une longue trêve. Henri II lui-même s’humilia et abjura les prétentions qui avaient engagé la lutte fatale. Mais ce n’était pas assez pour l’enseignement du monde.