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lieu de ses clercs et de ses moines, les quatre chevaliers entrèrent dans sa chambre, et, négligeant de le saluer, allèrent s’asseoir à terre devant lui. Là, après quelques moments de silence, ils prirent la parole et commencèrent par des propositions arrogantes, par des reproches vagues et provocateurs, comme des hommes qui cherchent à engager une querelle. Puis ils le sommèrent au nom du roi d’absoudre sur-le-champ les évêques excommuniés et suspendus. Comme il répondait que l’excommunication avait été lancée par le souverain pontife et publiée avec l’autorisation royale, ils se répandirent en discours injurieux. Alors l’archevêque leur dit : « Depuis que j’ai remis le pied sur cette terre avec le consentement et presque sous les auspices du roi, j’ai été en butte à des outrages sans nombre ; mes gens ont été arrêtés, mes biens livrés au pillage; on m’a fait tort en mille autres manières, et par-dessus tout cela vous êtes venu me menacer ! » Réginald répliqua : « Si quelqu’un a osé vous insulter, pourquoi n’avez-vous pas exposé vos griefs, afin d’en obtenir le redressement selon la raison et selon le droit ? Mon ami, reprit l’archevêque, je me suis assez plaint, j’ai assez vainement travaillé pour obtenir satisfaction ; c’est pourquoi tous les jours on comble pour moi la mesure des iniquités : on me prodigue l’insulte avec tant de persévérance, les plaintes de mes pauvres retentissent si nombreuses à mes