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remplie de gémissements et de voix qui criaient « Père, pourquoi nous abandonnez-vous ? » Ensuite il rapporta avec indignation les injures que l’Église avait souffertes dans ces derniers temps, et retrancha de la société des fidèles plusieurs de ceux qui s’étaient signalés par leurs violences. Pendant ce temps-là, Henri II avait prêté l’oreille aux récits envenimés de l’archevêque d’York, il avait senti se réveiller ses ressentiments mal assoupis, et dans un mouvement de colère il s’était, écrié : « Maudits soient ceux que je nourris de mes bienfaits, s’ils ne peuvent me venger et délivrer mon royaume de ce prêtre turbulent » ! Et il ajouta « Un homme qui a mangé mon pain a levé son pied contre moi ! Un homme qui la première fois s’est présenté à ma cour sur un cheval boiteux, triomphe maintenant en dépit de la dignité royale et sous les yeux des compagnons de son ancienne fortune ! » En entendant ces mots, quatre chevaliers conçurent le projet de tuer l’archevêque afin de plaire au roi. Ces quatre chevaliers étaient Réginald Fitz-Urce, Guillaume de Tracy, Richard Breton, Hugues de Moreville. La tradition rapporte que l’arbre sous lequel ils se réunirent pour conjurer, frappé de malédiction, se dessécha.

Ils arrivèrent à Cantorbéry le jour de la fête des Innocents. Le lendemain (29 décembre 1171), vers la onzième heure, l’archevêque étant assis au mi-