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qua peu de temps après. Bientôt son vaisseau, portant en proue la croix primatiale, aborda au port de Sandwich, ou le peuple en foule s’était rendu pour le recevoir. Son voyage jusqu’à Cantorbéry fut une longue et magnifique ovation. Les routes étaient couvertes de gens accourus à sa rencontre; des paroisses s’étaient levées et étaient venues en procession avec leurs bannières, et l’air retentissait de ces cris mille fois répétés : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ». Mais dans cette foule pieuse s’étaient mêlés des hommes pervers. C’étaient des soldats apostés par les évêques excommuniés pour arrêter le primat à son débarquement et lui arracher les bulles dont ils le croyaient muni. Après l’avoir vainement attendu à Douvres, ils s’étaient rendus à Sandwich ; mais, n’osant pas l’attaquer en ce lieu à cause de la multitude, ils le suivirent jusqu’à Cantorbéry. Là ils lui demandèrent avec menace l’absolution des évêques excommuniés ou suspendus. Thomas y consentit, pourvu toutefois que ces prélats fournissent la caution d’usage, afin de garantir leur obéissance future au jugement de l’Église. Les évêques auraient accepté cette condition ; mais l’archevêque d’York, esprit satanique acharné à la perte de Tho-.

    suspendre l’autorité d’un prélat scandaleux comme Roger d’York. Les historiens contemporains nous donnent sur ses moeurs des détails dont l’horreur est telle, que nous n’oserions les rapporter. Le savant Jean de Salisbury le nomme non archiepiscopus, sed archidiabolus.