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accorda sa requête. L’archevêque descendit de cheval pour s’agenouiller et témoigner ainsi sa gratitude. Le roi le releva et lui tint courtoisement l’étrier pour remonter en selle, puis l’invita à demeurer quelques jours auprès de lui, afin de laisser des preuves incontestables du bon accord qui venait de se rétablir. L’archevêque obtint la permission d’aller faire ses adieux à ses amis de France et promit un prompt retour. Ainsi se passa l’entrevue, à la grande admiration de ceux qui en furent témoins. Le matin même Henri avait juré en présence de quelques personnes de ne jamais donner à Thomas le baiser de paix. Et en effet il ne le lui avait point donné.

Depuis ce temps Thomas se présenta deux fois à la cour, deux fois il y trouva un accueil douteux et sollicita sans succès les restitutions promises. Enfin, impatient de revoir son église bien-aimée, assailli d’avis alarmants et de funestes prévisions qui déjà n’étaient plus incertaines, il dit à ses amis : « Je vais mourir en Angleterre, » et fit les préparatifs de son départ. Il avait reçu du pape des lettres de suspension et d’excommunication pour en user contre l’archevêque d’Yorck et les autres évêques compromis dans l’affaire du couronnement. Il envoya ces lettres comme pour être les avant-coureurs de son arrivée[1], et lui-même s’embar-

  1. Cette mesure de S. Thomas a été sévèrement blâmée. Cependant c’était rendre à l’Église d’Angleterre un grand service que de