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amèrement les dissensions qui l’avaient séparé de l’archevêque, autrefois son ami. Il contrefaisait à merveille l’innocence, et, ce qui est plus difficile encore à contrefaire, le remords. Un jour il pleura avec tant de perfection devant deux cardinaux, que l’un se mit à pleurer avec lui, l’autre éclata de rire. D’autrés fois il faisait gronder l’orage dans sa fureur, il se roulait par terre, déchirait les courtines de son lit, en arrachait la paille et la rongeait entre ses dents. A la suite de pareils accès, il écrivait à Rome des épîtres menaçantes, il annonçait une rupture prochaine c’était peu de parler de schisme ; il faisait entendre qu’il pourrait bien prendre le turban et soumettre l’Angleterre à la loi de Mahomet. Car, se donnant le choix des apostasies, une instinctive sagacité lui révélait du premier coup, entre tant de religions fausses, la religion des tyrans. Ces alternatives d’espérance et de terreur, qu’il savait ménager à propos, entretenaient dans leur servitude les évêques de son royaume, et même à l’étranger tenaient en suspens beaucoup d’entre les plus considérables personnages du clergé catholique. On voyait, d’une part, l’Angleterre, accoutumée à une obéissance d’esclave, prête à se séparer de l’unité catholique au premier signe de son maître redouté ; d’une autre part, on avait devant les yeux les bonnes grâces d’un monarque puissant, précieuses en ces jours mauvais, faciles à obtenir au prix d’une seule con-