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pellés princes et seigneurs, élever leurs misérables institutions comme une seconde Bahel pour affronter les cieux : il lança la foudre ; il condamna canoniquement les coutumes de Clarendon et prononça l’anathème sur leurs fauteurs.

A la nouvelle de ces événements, Henri II fut prompt à la vengeance. Il rendit d’abord plusieurs ordonnances d’une incroyable barbarie pour interrompre toute relation de son royaume avec l’archevêque, et défendit de le nommer dans les prières publiques. Les biens de Thomas furent confisqués ; ses parents et ses amis, dépouillés de tout, furent bannis au nombre de plus quatre cents : il n’y eut de grâce ni pour les vieillards, ni pour les malades, ni pour les femmes, ni pour les enfants au berceau et ces quatre cents infortunés furent contraints de promettre par serment qu’ils iraient les uns après les autres visiter l’archevêque dans sa retraite, et l’affliger du récit de leurs malheurs. Ils partirent, et ce lamentable cortége vint frapper tous les jours à la porte du proscrit, comme pour le punir cruellement du plaisir secret qu’il devait éprouver naguère, lorsque la multitude des indigents se pressait dans le vestibule de sa demeure archiépiscopale, et s’en retournait les mains pleines d’aumônes et la joie sur le front. Jamais peut-être l’imagination des persécuteurs ne fut si ingénieuse pour le mal, et jamais la charité ne reçut un défi plus honorable. Voici un roi qui imagine