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dans les premières années de son archiépiscopât, dans tout l’éclat de sa récente fortune, il était venu au concile de Tours. À cette époque, tous les hauts dignitaires de l’Église, présents dans cette ville, étaient sortis au-devant de lui et lui avaient fait une magnifique réception. Cette fois il trouva parmi les cardinaux une froideur inaccoutumée mais le pape lui témoigna toute la tendresse d’un père. Il fut beau de voir ces deux pontifes, tous deux bannis de leur patrie et de leur siège, l’un par le despote d’Allemagne, l’autre par le tyran de l’Angleterre, se rencontrer tous deux dans un même exil pour une même cause, dans une même hospitalité sur notre terre de France, justement fière de ce droit d’asile qu’elle exerçait en faveur des vertus proscrites il fut beau de les voir, l’un portant la couronne d’épines de la Papauté, l’autre qui devait bientôt ceindre l’auréole du martyre, épancher dans le cœur de l’un et de l’autre de pieuses tristesses, se consoler et s’affermir par un échange de courageuses pensées. Thomas parut devant un consistoire avec une majestueuse candeur il raconta la conduite qu’il avait tenue ; il produisit les constitutions de Clarendon, et après qu’une réprobation unanime les eut condamnées, il se confessa coupable, non d’avoir désobéi au souverain et troublé le royaume, mais coupable d’avoir reçu l’épiscopat sans autre vocation qu’un caprice royal, et d’avoir sacrifié a ce caprice ses devoirs