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encore pour l’intégrité de sa constitution. Le glaive des Césars ensanglantait le seuil du sanctuaire, mais ne pénétrait point au dedans. Plus tard les Césars demandèrent le baptême, ils entrèrent dans le sanctuaire, mais l’épée dans le fourreau; ils ne disputaient point l’encensoir aux mains du prêtre, et, quand celui-ci les arrêtait sur la porte au nom de la pénitence, ils restaient dehors. Ceux d’entre le peuple qu’appelait une vocation libre allaient recevoir des évêques l’onction sacerdotale, et l’élection des évêques se faisait à son tour par le suffrage du clergé et l’assentiment du peuple. Des tribunaux ecclésiastiques s’élevaient loin du tumulte du Forum. Les prêtres y devaient terminer leurs contestations sous des formes protectrices de la majesté de leur caractère, et les laïques eux-mêmes venaient y chercher une justice pacifique et miséricordieuse. Si quelque iniquité retentissante effrayait la chrétienté, l’excommunication tonnait du haut des chaires, et les fronts les plus fiers s’inclinaient devant elle. L’Église croissait en force et, en liberté sous la tutelle du pontificat romain. Ainsi elle traversa une période de sept cents ans depuis Constantin jusqu’à Charlemagne, et depuis Charlemagne jusqu’aux derniers princes de sa famille, c’est-à-dire jusqu’au dixième siècle.[1]

  1. Les Codes de Théodose et de Justinien présentent un grand nombre de dispositions relatives à l’organisation et à l’autorité des tribunaux ecclésiastiques. Voyez au Code, L. 25, de Clericis epis-