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chirant de lire ces lettres où le génie de l’homme et la parole divine sont profanés en même temps, et employés à des sollicitations d’autant plus dégradantes qu’elles n’étaient pas dictées par une impérieuse nécessité. « Sire, voici un an et demi que dure ma misère. Mon imprévoyance ne m’a laissé que peu de biens, guère plus que je n’en avais trouvé dans la succession de mon père. Mes dignités me restent, comme des marques de votre faveur passée, mais aussi comme autant de fardeaux pour ma fortune présente. Les pauvres débris que j’avais conservés de mon ancienne opulence, soit en vaisselle, soit en joyaux, je les ai distribués à de pauvres gens auxquels je devais, gardant à peine ce qui convenait pour ma subsistance. En sorte que, pour conclure, il faut que je dévoile ma misère aux yeux de Votre Majesté, et que je m’écrie : Si tu deseris nos, perimus ! -Vous ressemblez au Créateur, qui produit et ne détruit pas. Aussi, moi qui ai longtemps eu le bonheur d’approcher de Votre Majesté, ai-je assez de foi aux miracles pour être assuré que vous ne souffrirez pas que votre créature soit entièrement défigurée, et qu’une tache efface pour jamais de votre livre un nom que votre main sacrée s’est plu si souvent à agrandir. Ayez assez pitié de moi, mon seigneur et maître, pour ne pas permettre qu’après avoir porté les sceaux je sois réduit à porter la besace. S’il arrivait