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contre sa vie des tentatives de vengeance terrible il fallut qu’il se tînt renfermé chez lui, seul avec ses remords ; et, les rôles changeant, l’accusateur fut obligé d’écrire sa propre apologie[1]. Mais cette apologie tout en constatant les scrupules qui avaient précédé sa détermination et la modération avec laquelle il s’était efforcé de l’accomplir, ne trahit pas moins les motifs qui l’avaient dictée. On en jugera par un-court passage, où l’embarras du style témoigne parfaitement des inquiétudes de la conscience. « Vous pouvez vous rappeler que la reine connaissait sa force et regardait sa parole comme un ordre souverain. Vous savez qu’à l’exemple des plus excellents princes ses prédécesseurs, elle n’attachait point irrévocablement sa confiance aux charges qu’elle accordait, et séparait quelquefois ses faveurs particulières des offices publics. Ainsi, moi qui occupais dans le monde un poste envié et périlleux, moi qui savais que la reine avait coutume de conduire jusqu’au bout une fortune commencée par elle, et qu’elle était constante dans ses bontés ; moi qui avais récemment reçu des preuves extraordinaires de sa bienveillance, je résolus d’endurer cette épreuve, et de faire ce qui m’était demandé, dans l’attente d’un avenir meilleur. »

Cependant Élisabeth vint à mourir. Jacques I° lui succéda, avec moins de vices peut-être, mais

  1. Cette apologie se trouve aussi dans les Œuvres complètes.