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exemple ne lui apprit qu’une chose, c’est qu’un refus appelait une disgrâce, et il accepta. Alors on vit paraître d’un côté de la barre le comte d’Essex, dépouillé des marques de ses dignités, mais fort de sa loyauté et de sa bravoure, venant expier par une condamnation certaine sa popularité justement acquise, mais dont il était trop épris, et, de l’autre, sir François Bacon, revêtu des insignes de la magistrature, ambitieux novice, subissant le rôle ignominieux qu’on lui avait imposé, et osant à peine regarder en face celui dont plus d’une fois peut-être il avait embrassé les genoux. On le vit, lui, tant de fois dépositaire des confidences de ce noble cœur, y descendre maintenant a par des voies ténébreuses pour y surprendre, s’il se pouvait, quelque intention criminelle. On l’entendit appeler la mort sur celui dont les bontés avaient embelli sa vie ; il conclut à la peine capitale, et ses conclusions furent adjugées. La tête du comte tomba au milieu des murmures de la nation. Pour calmer le mécontentement, Bacon fut encore chargé de publier une justification du procès, et il le fit sous ce titre Déclaration des intrigues et trahisons de Robert, dernier comte d’Essex[1] . L’indignation universelle accueillit cette nouvelle bassesse. La vue de cet homme qui avait si outrageusement forfait à la reconnaissance et à l’amitié devint insupportable à ses concitoyens ; il y eut

  1. Voir les Œuvres complètes de Bacon, en anglais.