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vanter, il se prend à la fortune de la reine ; il dit ses adversaires confondus, les conspirations contre sa vie découvertes. « Que dirai-je, ajoute-t-il, de la mort opportune de ses ennemis ? Don Juan d’Autriche n’est point trépassé mal à propos. Je ne parlerai pas du décès de plusieurs qui me reviennent à l’esprit ; seulement je maintiens que ceux-là vivent dont la vie est utile, et que ceux-là meurent dont la mort est souhaitable. Je ne voudrais pas que le roi d’Espagne s’en fût allé de ce monde, c’est une moisson de gloire ; mais, s’il devient dangereux, lui, ou quelque autre que lui, je suis persuadé qu’il mourra. » Au milieu de ce panégyrique, François Bacon avait jeté une phrase courte, rapide, mais qui n’était peut-être pas la moins importante selon ses vues : c’était celle où il exaltait l’habileté de la reine dans le choix de ses serviteurs, et l’art merveilleux avec lequel elle savait satisfaire les uns et tenir les autres en appétit.

Ce fut ce dernier régime qu’on adopta pour lui. A l’âgé de vingt-huit ans, il fut nommé conseiller (avocat) extraordinaire de Sa Majesté, place honorable, mais sans revenus. Il obtint encore la survivance d’une charge de greffier de la chambre étoilée, d’un rapport annuel de seize cents livres ; mais ce ne fut que vingt ans après qu’il entra en possession de cette charge en attendant, il avait la coutume de la comparer au voisinage d’un grand