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devant des idoles et leur faire hommage de la servitude de son intelligence. Ces idoles sont de quatre espèces : 1° celles que la race humaine porte toujours avec soi et qu’elle conserve comme des pénates héréditaires, Idola tribus, préjugés qui se sucent avec le lait et qui ne s’en vont guère qu’avec la vie, erreurs des sens, acceptation facile des propositions affirmatives, inclination extrême à l’unité ; 2° les idoles que chacun se dresse dans l’intérieur de son entendement et qu’il adore en secret, Idola antri, préventions que l’orgueil enfante, que la paresse entretient, que l’ignorance accompagne ; 3° les idoles qui reçoivent dans la société une adoration bruyante, Idola fori, erreurs qui naissent du langage et de son insuffisance, du choc et de l’incohérence des mots et des idées ; 4° enfin les idoles qui se dressent sur le théâtre poudreux de l’école, Idola theatri, maximes sonores mais souvent vides, formules obscures, systèmes incomplets, cercles trop fermés, dans lesquels l’aristotélisme moderne prétend emprisonner le génie. Ce paganisme scientifique doit tomber, et la servitude de l’esprit humain faire place à une liberté pleine d’espérance. L’exercice de cette liberté doit commencer par le doute une juste suspicion plane sur les notions acquises jusqu’à ce qu’un nouveau jugement en ait constaté la valeur[1]. Ici le choix d’une règle devient pressant ;

  1. « Quoad notiones primas intellectus, nihil est eorum qui in-