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cisément en question. Sans doute, si Dieu est matière, le monde physique doit faire partie de son être. Que si, au contraire, c’est un esprit pur, qui l’empêche d’être présent partout, pour éclairer l’homme et régir la nature ? Les phénomènes physiques le manifestent par les lois admirables qui les gouvernent ; dans les phénomènes moraux, il se révèle par le remords ou la satisfaction de la conscience. Ainsi son existence éternelle préside à toutes les existences ; il est CELUI QUI EST, le principe et la fin de toutes choses donc il est infini il l’est sans occuper un point de l’étendue, sans s’incorporer à la matière.

Les saint-simoniens ne comprennent pas non plus les motifs qui, après une éternité de repos, auraient décidé Dieu à l’œuvre de la création[1]; d’où ils concluent que le monde exista toujours. Mais ici encore, cercle vicieux ;ici, encore une fois, on calomnie le Christianisme en l’accusant de supposer l’Etre suprême sujet à l’irrésolution de l’esprit et à la mesure du temps. Les chrétiens regardent ces mots avant, après, comme incompatibles avec la notion d’éternité: car, si l’infini ne peut se diviser, comment partager l’éternité en un certain nombre d’instants présents, passés et à venir ? D’ailleurs, nous ne pensons pas non plus que Dieu soit susceptible de se décider, ce qui supposerait

  1. Voyez le Précurseur du 19 mai.