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pierre et le bois, sont autant de parties de la Divinité, autant de divinités même.

O sanctas gentes, quibus haec nascuntur in hortis
Numina !…

Où donc sont ceux qui couvraient le paganisme de dérision, ou qui tonnaient contre lui ? La sagesse des anciens n’avait fait que l’apothéose des héros : tout au plus voyait-elle dans le crime un Dieu méchant ; mais voici qu’au dix-neuvième siècle il s’est trouvé des philosophes qui ont consacré et environné des mêmes rayons l’ignorance et la science, les vertus et les forfaits ! Voilà les gouffres où l’on tombe quand on marche dominé par une idée fixe, à laquelle on veut plier la nature, quand on se ment a soi-même. Et ensuite on cherche à obscurcir ces vérités que le sens commun révèle, et l’on prétend que l’on ne saurait concevoir l’existence de Dieu hors de la matière, parce qu’il cesserait dès lors d’être infini.[1] Disciples de Saint-Simon, pourquoi vous avilir vous-mêmes ? Mathématiciens, philosophes que vous êtes, vos capacités sont trop hautes pour que vous ne puissiez pas concevoir que l’infini est essentiellement indivisible, par conséquent immatériel ; vous n’ignorez pas que dire Dieu ne saurait exister hors de la matière, c’est le supposer existant dans l’espace, c’est-à-dire matériel, ce qui est pré-

  1. Voyez le Précurseur du 19 mai.