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profondeur et de simplicité que se présentait le système de Spinosa, qui n’en est pas moins la base incontestable de celui de Saint-Simon. Quand on observe un objet quelconque, matériel ou spirituel, quand on veut analyser les idées qu’il fait naître dans notre esprit, deux idées bien différentes se présentent d’abord 1° l’idée de la forme apparente, variable, instantanée ; 2° l’idée de la substance immuable et cachée. Il n’est aucun être qui ne puisse se décomposer ainsi par la réflexion, et qui ne donne pour résultat de l’analyse la notion de substance. De là, Spinosa, et Saint-Simon après lui, passant de l’ordre idéal à l’ordre réel, ont conclu que la substance est unique, universelle. Leur erreur est de n’avoir pas assez approfondi cette idée importante, et d’avoir conclu de l’abstraction au fait. Un coup d’oeil scrutateur reconnaît d’abord que l’idée de substance, telle que la produit la contemplation d’un phénomène spirituel, n’est point identique à celle que présente un objet matériel. Tout être spirituel est éminemment actif ; l’idée de sa substance réduite au dernier degré de simplification est l’idée de force, de spontanéité ~ ( τό αύτοκινητον). La matière, au contraire, essentiellement inerte et modifiable, ne présente que la notion de passivité, de réceptivité ( τό πάσχον). Or, d’une part, les formes de l’activité sont l’intelligence et la volonté ; de l’autre, les formes de la réceptivité sont la divisibilité ou l’étendue, la mo--