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qu’elles rencontrent sur leur passage ; les barbares s’élancent vers Rome la superbe, entraînant avec eux les débris de la civilisation latine leurs chefs farouches viennent s’asseoir triomphants sur les sépulcres des Césars. Oh ! qui arrêtera leur course impétueuse ? Qui pourra mettre à l’abri de ce choc terrible tous les monuments de l’esprit humain, élevés à grands frais par quinze siècles de travaux, et qu’un seul jour peut-être va détruire ? Qui osera dompter ces cœurs féroces, se placer entre le vainqueur et le vaincu, et imposer aux conquérants les lumières des peuples subjugués ? Ces prodiges seront l’œuvre du Christianisme. Voyez vous-ces pontifes qui arrêtent aux portes de leurs cités Attila le fléau de Dieu ? Bientôt ils feront plus des assemblées d’évêques rédigent les constitutions des empires, les lois des Bourguignons, les décrets du concile de Tolède[1]. Des prêtres et des abbés entreprennent la restauration les lettrés au temps de Charlemagne durant les siècles belliqueux du moyen âge, tandis que les preux ne savaient pas signer, attendu qu’ ils étaient gentihommes , les sciences et les arts restaient comme un dépôt précieux entre les mains des fils du monastère : les disciples de saint Benoît consacraient leurs veilles à multiplier les copies d’Horace et de Virgile; des prêtres fondaient la

  1. Guizot, Leçons d’histoire.