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Enfants d’un Dieu très-bon, et fils d’un homme pécheur, les premiers humains durent à ce titre emporter avec eux et le souvenir de la révélation divine et celui de la déchéance paternelle. Les membres de la grande famille marqués de ce double sceau se dispersèrent, et bientôt la différence des temps, des lieux, des situations politiques, vint altérer le fond de l’antique croyance. Chaque religion se revêtit de couleurs locales et de mensonges poétiques. Le peuple d’Israël resta seul fidèle dépositaire des traditions du genre humain. Moïse et les prophètes apparurent pour garder et entretenir ce précieux trésor, jusqu’au jour où Dieu, rappelant à lui toutes les nations, leur restituerait leur antique héritage.

Ce jour arriva.

    cieux penserait, ce me semble, que la marche des peuples de l’Europe n’est au contraire qu’un terme du développement total du genre humain ; qu’une loi générale doit être établie, non sur une série de faits particuliers, mais sur l’examen de tous les phénomènes auxquels elle se rapporte, et qu’il est téméraire a l’homme de vouloir forcer la nature à rentrer dans les cadres étroits qu’il a tracés. De plus, l’histoire mythologique de l’Europe elle-même dément l’hypothèse de Saint-Simon ; filles d’une même souche, toutes les races humaines étaient héritières des mêmes croyances révélées : l’observation l’atteste ; l’observation, non point restreinte et tronquée, mais étendue à tous les peuples chez lesquels la science a pu pousser ses investigations.