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de répéter un appel qui devait s’élever de tous côtés en même temps, afin que personne n’y reconnût la voix des partis.

Au moment où la France apprit l’ingratitude de Rome et l’exil de Gaëte, tous les cœurs s’émurent, tous les yeux se tournèrent vers le pontife dont l’Europe entière admirait la sainteté et la sagesse ; et non-seulement ceux qui croient, mais beaucoup de ceux qui ont le malheur de ne pas croire, touchés d’une si auguste infortune, auraient voulu mettre à ses pieds leurs biens et leurs vies. Les jours écoulés n’ont rien fait pour calmer l’émotion des premiers moments la grande injustice dure encore, et les besoins se sont multipliés. Pie IX, qui le lendemain de son avènement avait fait vendre la moitié des chevaux de ses écuries, qui épuisait son patrimoine en charités, n’avait pas attendu l’heure de l’épreuve pour se dépouiller d’un luxé désormais inutile. Tous ceux qui ont eu l’honneur de l’approcher savent combien il lui coûterait peu de retourner aux filets de saint Pierre ou à l’obscurité des catacombes et il n’y a pas longtemps qu’on lui entendait dire « qu’il remercierait Dieu, tant qu’on lui laisserait une besace et un bâton avec la liberté de parcourir la terre en bénissant les peuples sur son chemin. » Mais au-dessous du souverain pontife, il faut voir toutes les grandes administrations de l’Église, le consistoire, la propagande, la pénitencerie et tant d’autres