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trop louer à la solennité du départ, à la commodité du transport, aux besoins matériels du premier établissement. Qu’a-t-il fait pour les besoins de l’esprit ? Le jour marqué pour le départ est ordinairement le dimanche ; pourquoi la messe célébrée au lieu même de l’embarquement ne répandrait-elle pas les consolations de la foi sur ces familles voyageuses dont les cœurs troublés demandent une protection plus puissante que celle des hommes ? où sont les aumôniers qui accompagneront la nouvelle colonie sur ce terrain dangereux, sous ce ciel de feu dont, les ardeurs sont peut-être moins brûlantes que les passions ? où sont les asiles, les écoles, où est l’enseignement qui formera non seulement les enfants, mais les adultes à une condition si nouvelle, aux leçons de l’hygiène qui sauvera leur vie, de l’agriculture qui en fera l’emploi ? Vous allez ouvrir au peuple de Paris un certain nombre de chauffoirs publics. C’est une mesure bienfaisante. Mais avez-vous songé à l’emploi de ces longues soirées ? Livrerez-vous les loisirs de ces nombreux travailleurs à la propagande du vice, de l’émeute ? ou bien profiterez-vous de ce privilège qui vous est donné d’assembler les hommes pour les occuper honorablement, pour les instruire, pour les renvoyer sous leur toit plus éclairés et meilleurs ?