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pour lui donner des règles que de la réduire à se cacher dans des ténèbres où elle défierait toutes les surveillances. En morale, nous ne connaissons pas de mal nécessaire ; vous-mêmes vous avez éprouve la vanité de ce sophisme qui rassurait la conscience des anciens politiques, lorsque, supprimant les jeux publics, vous n’avez pas reculé devant la poursuite des jeux clandestins. Rome n’est pas seulement une capitale de cent cinquante mille âmes : c’est une cité italienne, toute brûlante des feux du soleil ; c’est le rendez-vous annuel de trente mille étrangers, de tous les désœuvrements, de tous les spleen, de tous les vices. Et cependant elle n’a jamais connu l’ignominie de la prostitution publique, jamais le gouvernement des papes n’y autorisa une maison de débauche, et Léon XII ne craignait pas d’y fermer les cabarets. De là, chez un peuple si passionné, le petit nombre des naissances illégitimes, la pureté des mœurs et la beauté du sang, la dignité de ces pauvres gens du Transtevere qui i n’ont jamais donné leur ivresse en spectacle sur les places publiques, et dont on a si souvent accusé l’humeur farouche parce qu’ils ne souffrent pas que l’étranger manque de respect à leurs filles. Pour nous, qui insultons l’Italie de notre dédaigneuse pitié, nous ne pouvons passer le soir les barrières de la ville la plus civilisée de la terre sans heurter à chaque pas, je ne dis pas des hommes, mais des femmes, des enfants avinés. Nous