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eux des personnes immortelles qui disposent de leur éternité, nous les croyons maîtres à beaucoup d’égards de leur bonheur ou de leur malheur dans le temps. Assurément, nous ne méconnaissons pas l’empire des événements extérieurs, les crises politiques qui suspendent l’activité du travail dans nos villes changées en place de guerre, les crises industrielles qui jettent dans les rues la population des manufactures, les crises domestiques qui tarissent les ressources d’une famille désolée par la mort du père ou par les maladies des enfants. Nous croyons à la possibilité de tempérer ce qu’il y a d’imprévu dans la condition humaine, par la prévoyance des institutions. Nous estimons la société perfectible ; nous en poursuivons, non le renversement, mais le progrès. Et cependant nous déclarons qu’on n’aura rien fait tant qu’on ne sera pas allé chercher, non au dehors, mais au dedans, les causes de la félicité de l’homme et les principes ennemis de son repos, tant qu’on n’aura pas porté lumière et la réforme dans ces désordres intérieurs que le temps ne répare pas, plus incurables que les maladies, plus durables que les chômages, et qui multiplieront encore les indigents longtemps après que l’herbe des cimetières aura couvert les dernières traces de la guerre civile.

Dieu ne fait pas de pauvres ; il n’envoie pas de créatures humaines dans les hasards de ce monde, sans les pourvoir de ces deux richesses qui sont les