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conservant les restes d’une ancienne aisance, des meubles cirés, du linge blanc, et cette propreté qui est le luxe des pauvres. Mais la comparaison n’en -est que plus douloureuse entre le souvenir de ce bien-être, fruit d’un long travail et d’une sévère économie, et le dénûment de ces ouvriers robustes, de ces actives ménagères, qui s’indignent de leur désœuvrement, et qui, après de longues journées consumées aux portes des chantiers et des magasins où on ne les embauche pas, se plaignent de périr d’ennui autant que de besoin. Là du moins il n’y a plus de place pour cette excuse familière aux coeurs durs, que les pauvres le sont par leur faute, comme si le défaut de lumière et de moralité n’était pas la plus déplorable des misères et la plus pressante pour les sociétés qui veulent vivre. Là, quand le visiteur accompagne les secours officiels d’une parole qui en couvre l’humiliante insuffisance, à mesure qu’il pénètre dans l’intimité des familles, il y trouve moins de sympathies que de blâme pour l’insurrection, moins de regrets pour le club que pour l’atelier. Le petit nombre de ceux dont l’esprit malade nourrit encore des rêves incendiaires finissent souvent par se rendre à une conversation amicale et sensée, et par croire à ces vertus dont on leur avait fait détester le nom : la charité, la résignation, la patience. Parmi ces gens des faubourgs qu’on a coutume de représenter comme un peuple sans foi, il en est bien peu qui n’aient au-