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goûté pendant quinze ans la popularité lucrative des boudoirs et des cabinets de lecture, ambitionnent la gloire des législateurs, et se croient appelés à faire les institutions d’une société qui a bien voulu leur laisser faire ses passe-temps. Qui enfin ? Une classe d’hommes désireux de conserver l’honneur du mariage sans en garder les charges, trop accoutumés à le traiter comme une affaire, pour ne pas s’en ménager la rupture, trop faibles pour supporter la pensée d’un engagement éternel, la pensée d’un devoir douloureux, la pensée d’un sacrifice, c’est-à-dire la seule pensée qui honore la vie et rend la terre habitable aux gens de cœur Nous ne faisons pas au peuple l’injure de le flatter. Mais nous lui devons ce témoignage, que le cri du divorce n’est pas sorti des barricades du 24 février, ni de ces colonnes d’ouvriers qui pendant deux mois ont assiégé le perron de l’Hôtel-de-Ville, ni des délégués des travailleurs pressés sur les bancs du Luxembourg. Nous connaissons les torts du peuple de Paris, il les connaît lui-même. Il sait qu’il ajourne trop souvent l’acte qui rend l’union de l’homme et de la femme respectable devant Dieu et devant les hommes. Mais il sait trop la sainteté de ce serment qu’il diffère et qu’il redoute, pour le remplacer par la fiction légale d’un mariage dissoluble. Il veut des institutions meilleures que lui, et il n’a pas encore ce besoin des sociétés dépravées, de se passer de principes en sauvant les