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« S’il en est ainsi des droits de la femme, mieux vaut pour l’homme ne se marier jamais. » C’était pourtant le mariage chrétien, avec le dogme de l’indissolubilité, qui devait régénérer la famille et la société romaine, au moment même où les progrès du célibat dépeuplaient l’empire, en dépit des décrets qui encourageaient les justes noces et qui récompensaient la fécondité. Aussi l’histoire de l’Église n’a peut-être pas de spectacle plus attachant que cet effort de la famille chrétienne pour se constituer au milieu des résistances du paganisme qui survivait dans les lois longtemps après avoir péri dans les temples. Les Pères ne se lassent pas de combattre comme une tentation cette liberté du divorce que les fidèles trouvaient dans les constitutions des princes et dans l’enseignement des jurisconsultes. « Autres sont les lois des Césars, disait saint Jérôme, autres celles du Christ. Papinien a ses préceptes, mais Paul, notre maître, a les siens. » (Epist. 72, ad Oceanum.) Saint Jean Chrysostome ajoutait « Ne me citez pas les lois qui ordonnent de signifier la répudiation et de rompre le mariage. Dieu ne vous jugera point sur les lois des hommes, mais sur celles qu’il a dictées. » (De Libell. rep.) L’Église était si loin de recevoir, comme on l’a dit, en matière de divorce, les maximes du droit civil, que le deuxième concile de Milève, en 416, interdit aux époux séparés, au mari comme à la femme, de convoler à