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pétuité. Nous la voulons comme une menace capable d’arrêter les époux au moment d’une de ces offenses qui ne se pardonnent pas, capable surtout d’arrêter les parties contractantes à la veille de ces unions que l’intérêt forme sans prendre conseil du coeur, etqui se multiplieraient à l’infini dès qu’elles seraient réparables comme une mauvaise affaire et comme un faux calcul.

En ce qui touche le scandale, nous le souffrons dans les mœurs, mais nous ne le supportons pas dans les lois. Si, malgré l’opiniâtreté des mœurs, nos lois n’ont jamais consenti à régulariser l’homicide par le duel, nous ne comprendrions pas qu’elles consentissent à organiser l’adultère par le divorce. Tout l’effort des législations est de reproduire l’ordre providentiel qui régit les sociétés, par conséquent de proposer un idéal qui domine la réalité, qui tende sans cesse à relever le niveau de la moralité publique. Le mauvais exemple des dérèglements que la société réprouve, qu’elle punit quelquefois, qu’elle gêne toujours, est bien moins dangereux que celui d’un désordre qu’elle autorise, qu’elle protége, qu’elle offre comme un refuge aux vertus faibles, comme un but aux vices qui calculent. Pensez-vous diminuer l’adultère quand vous aurez diminué la sainteté du mariage, quand vous aurez encouragé le mari infidèle en faisant du divorce la récompense de son infidélité, pourvu qu’il la pousse jusqu’à produire sa concubine dans la mai-