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La première loi des lettres chrétiennes, c’est l’orthodoxie et cette loi, qui semble d’abord un assujettissement et une gêne, devient au contraire le principe de leur liberté et de leur grandeur… Toute puissance véritable porte en elle une loi qui fait sa force. Dieu souverainement libre est en même temps souverainement nécessaire. L’intelligence humaine a aussi sa règle. Cette règle, c’est le passage du connu à l’inconnu, du doute à la certitude. L’accroissement des certitudes constitue la science. Il faut le travail des siècles. Il faut une tradition qui garde les vérités acquises, un progrès qui poursuive les vérités ignorées. La tradition scientifique est conservée par les corps savants et par les écoles. Vainement, au nom de l’indépendance de la pensée, prétendrait-on ramener la controverse sur les points reconnus : la pesanteur de l’air, par exemple, ou le mouvement de la terre autour du soleil. La liberté ne consiste pas dans un doute rétrograde qui compromettrait le progrès des esprits… Il y a dans toute science une autorité, une orthodoxie dont on ne s’écarte pas impunément.

Or, s’il est des vérités qui forment la base commune et nécessaire des connaissances humaines, il faudra bien qu’une autorité plus forte les assure !… Voyez quelle fut dans l’antiquité la condition des intelligences. Des questions menaçantes les pressaient de toutes parts : l’existence de Dieu, les des-