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révélera à l’homme au moyen de l’inspiration et qu’il appellera Beauté Idéale.

La reproduction du beau par la parole, par des sons cadencés, par des figures et par des monuments, est l’objet de l’art sous ses diverses formes. Toutefois l’homme ne peut parvenir à l’intuition immédiate de la pensée divine, et d’un autre côté il ne trouve jamais dans le signe matériel qu’il emploie une expression assez pure et assez complète de sa propre pensée. Toujours ses conceptions demeurent au-dessous de son type, et toujours ses œuvres au-dessous de ses conceptions. D’où vient donc à l’homme cette ambition magnanime de monter sans relâche vers une beauté souveraine qu’il ne lui est pas permis d’atteindre ? D’où lui vient cette patience infatigable, de retoucher sans cesse des traits qu’il sait ne devoir jamais réfléchir toute la perfection de l’original ? Quel est ce génie prisonnier qui s’élance aussi haut que lui permet sa chaîne, et que jamais ne découragent ses chutes ? Quel est-il, sinon le génie de l’espérance ?

L’espérance est le principe de l’art. Elle lui donne l’essor, elle le soutient dans son vol, elle l’aide et le conduit dans les deux sortes de progrès dont il est susceptible l’ascension continuelle de l’âme vers un Idéal parfait, la spiritualisation indéfinie des signes dont l’âme se sert pour exprimer ses visions.