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demi-dieux, dieux eux-mêmes. Il s’agit, non de pénétrer seulement les mystères de la mort, mais de la dompter ou de la fléchir. Il y a autre chose qu’une aventure, il y a le dévouement, le sacrifice de soi pour le salut d’autrui : on touche ici au fond même des théologies antiques.

Dès qu’on s’enfonce à quelque profondeur dans l’étude des mythes grecs, on aperçoit que tous les grands dieux, tous les dieux appelés Sauveurs (Σωτῆρες), descendent aux Enfers. Je ne parle pas de Proserpine, de Diane, de Mercure, dont on connaît assez les fonctions chez les morts. Mais je trouve une tradition qui fait succomber Apollon dans le combat symbolique avec le serpent Triopas pourvoit à ses funérailles, et on l’adore parmi les puissances du Styx[1]. Bacchus visite le royaume des ombres pour en arracher Sémélé sa mère. Jupiter même, assiégé par les géants, était tombé sous les coups de Typhon ; et son corps mis en pièces n’avait repris la vie que par l’assistance de Mercure et de Pan[2]. Regardez vers l’Orient, vous y retrouverez les mêmes récits sous des couleurs plus éclatantes. La Phrygie célébrait tour à tour la mort et la résurrection d’Atys. Tous les ans, la Syrie se mettait en deuil d’Adonis

  1. Lobeck. Aglaophamus, p. 179.
  2. Sainte-Croix, Recherches sur les mystères, I, 55, 204, 425. Lobeck, Aglaophamus, 571, 699 Zagreus ou Bacchus l’Ancien, égorge par les Titans, pour renaître ensuite. — Plutarque, De sera Numinis vindicta : Bacchus descend aux enfers pour y chercher Sémélé. Sur Jupiter, Apollodore, Biblioth., t, 8.