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lesse, je demande que vous m’enseigniez quelque chose par quoi je n’aie plus peur ni de la vieillesse ni de la mort. » Le roi, vaincu par tant de prières, et lié par sa parole, découvre au jeune brahme toute la condition des âmes, et le congédie avec ce dernier présent la certitude d’une vie future[1].


5. Tant de fables, répétées de peuple en peuple, devenues traditionnelles, inévitables et pour ainsi dire obligatoires, ne s’expliquent ni par le caprice des poëtes, ni par les préceptes des rhéteurs. Il en faut chercher l’origine aux sources mêmes de la poésie. Le premier emploi de la poésie est un emploi religieux : elle conserve le dogme, elle traduit les oracles, elle anime le culte[2]. C’était sur le trépied de Delphes et par la bouche de la Pythie, que le vers héroïque avait été proféré pour la première fois. L’autel de Bacchus, dressé au milieu de l’orchestre, les danses symboliques, et les hymnes du chœur, faisaient du théâtre un temple, et de la tragédie une pompe sacrée. L’épopée gardait la trace d’une semblable destination, dans le com-

  1. Oupnek’hat, t. II, XXXVII. Les mêmes scènes reviennent dans les chants de l’Edda. Dans le Vafthrudnismal, 40, 43, le géant Vafthrudnis, interrogé par Odin, lui raconte comment il a visité les neuf mondes, les joies du Valhalla, et le sombre empire des morts. Le Vegtamsquih raconte la descente d’Odin chez les morts, pour arracher à la prophétesse Volva le secret du destin qui menace Ballder, le plus jeune et le plus beau des immortortels.
  2. Quintilien, Institut. orator. proem.