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vrir le royaume souterrain. Les ombres des héros de Thèbes et d’Argos se montrent menaçantes au milieu d’elles, Laïus prédit la victoire des Thébains, et le combat fratricide où s’éteindra la race d’Oedipe[1]. Valérius Flaccus ouvre,ses Argonautiques par le sinistre appareil d’une évocation et, dans l'Enlèvement de Proserpine, qui est peut-être le meilleur ouvrage de Claudien, l’enfer occupe le fond du tableau[2]. Toute cette poésie de la décadence a été trempée dans le Styx, comme Achille mais elle n’en est pas, sortie invulnérable. Cependant la tragédie rivalise avec l’épopée. Sénèque n’a garde de négliger les apparitions, les descriptions du sombre empire ; il leur ménage une place dans l’Œdipe et dans l' Hercule furieux  ;. Il imite en ceci les maîtres du théâtre latin, Varron, Ennius, Naevius Atticus et le vieil Andronicus de Rhodes, qui avaient porté-sur la scène Alceste, Protésilas, les Euménides, fables terribles et toutes pleines des mystères de l’Éternité. Appius, ami de Cicéron, et Labérius, auteur de tant de mimes applaudis, avaient donné a deux de leurs compositions le titre de Nécyomanties[3]. C’était peut-être

  1. Stace, Thebaid. IV, 407. Il ne peut se refuser le plaisir de ces descriptions en deux autres endroits de son poème, II, 1, VIII ,123.
  2. Valerius Flaccus, Argonautic., 1-738.–Claudien, de Raptu Proserpinae et dans le second livre contre Rufin, la descente de Rufin au Tartare.
  3. Cicéron, Tusculan., I, 16. Aulu-Gelle, Noctes Atticae , XVI, 7.