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perd pas facilement ses habitudes après treize siècles de christianisme, elle ne pouvait encore se détacher de ces vieux tableaux.

Ainsi, au delà du cercle de récits romanesques, de pieuses légendes, d’actes des saints que nous avons parcouru, Dante avait des modèles dans une série de fictions profanes, dont il faut étudier l’enchaînement et reconnaître les origines. Il faut se donner la satisfaction de pousser une fois jusqu’au bout l’histoire d’une idée.

Parmi les réminiscences qui ont inspire la Divine Comédie, celles de Cicéron me frappent d’abord. Lorsque Dante parcourt les cercles du paradis, écoutant le bruit harmonieux des astres, et cherchant des yeux au fond de l’espace, la terre imperceptible lorsqu’il apprend de son bisaïeul Cacciaguida sa mission périlleuse et sonexil, on reconnaît le récit du Songe de Scipion. Au moment de commencer sa carrière de gloire, le héros est ravi en songe en un lieu élevé du ciel, où son aïeul

    tatem in hoc volumine declarat Virgilius, ideo...in eo diutius immoramur. Spiritu vero corpus esse inferius evidentissimum est. cumque ita nil inferius humano corpore, infernum idem appellatur. Quod autem inferis legimus animas coactione teneri, a spiritibus carceriis, hoc idem dicebant pâti animas in corporibus a vitiis. - Remarquez la ressemblance de cette interprétation avec celle que Dante veut appliquer à la Divine Comédie, dans son épitre dédicatoire à Can Grande : « Secundum allegoricum sensum poeta agit de inferno isto, in quo peregrinando ut viatores mereri et demereri possumus. »