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conversion, moururent et s’en furent en paradis ; le troisième survécut ; et, au bout de quinze ans d’une dure pénitence, il arriva qu’une nuit, vaincu par le sommeil, il s’endormit après matines. Alors il fut mené en esprit sur une montagne très-élevée, au bord d’un profond précipice hérisse de rochers, dont le seul aspect faisait peur. Et l’ange qui le guidait le précipita au fond, et, descendant auprès de lui, il le releva et le conduisit par une plaine couverte de pierres tranchantes, de ronces et d’épines, jusqu’à une fournaise ardente. Une troupe de démons, la fourche de fer en main, l’attendaient à la porte, et le poussèrent dans les flammes. Il y reconnut un homme qui avait été son compère, damné pour avoir trompé le peuple au temps de la disette, en vendant le blé à fausse mesure. Au sortir de la fournaise commençait un. pont, étroit, glissant, sans garde-fous, au-dessous duquel passait un fleuve horrible, plein de dragons, de scorpions et de serpents. Arrivé au milieu, l’ange prit son essor et s’envola sur une montagne très-élevée, au delà du pont. Et quand le bon larron se vit seul, il se mit à trembler, et, ne sachant que faire, il se recommandait à Dieu lorsque tout à coup il lui sembla que des ailes lui poussaient, et, sans attendre qu’elles eussent grandi, il prit son vol vers le lieu où l’ange l’avait précédé. Deux fois il retomba épuisé d’efforts ; mais, la troisième enfin, il parvint à la montagne, et se trouva au pied d’un palais