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zarre au voyage de saint Brendan, pour reconnaître la sécheresse, la dureté, la pauvreté du génie byzantin. Au lieu de ce libre horizon des mers, au lieu de cette douceur infinie de l’Église latine, qui permet de croire à la mitigation des peines éternelles, et qui fait descendre un reste de pardon jusque sur la tête de Judas, on ne voit plus que les sables brûlants de l’Asie, les monotones répétitions des voyages d’Alexandre, et le spectacle d’un enfer où il n’y a que des supplices, et point de leçons [1].

C’est ainsi que le caractère des peuples éclate dans leurs traditions, plus librement encore que dans leurs chroniques. Il n’y est point gêné par les limites étroites du réel et du possible : il a le champ libre de l’infini. Il y prend l’essor, il ne s’arrête plus qu’il ne soit arrivé à son point. Il y a plus d’histoire qu’on ne pense au fond de tant de légendes et, pour ne rien dissimuler, l’histoire des siècles barbares est bien moins dans les miséra-


    question de saint Macaire, qui demande a ses hôtes des nouvelles des Sarrasins. L’opinion selon laquelle le paradis terrestre touche au ciel est déjà marquée dans ces vers d’Avitus :

    Quo perhibent terram confinia jungere coelo
    Lucus inaccessa cunctis mortalibus arce.

    Dante s’y conforme, et l’Éden, selon lui, domine la sphère de l’air et touche à celle du feu. Gervais de Tilbury, Otia imper., 111, 113, rapporte une tradition qui place le purgatoire dans l’air.

  1. La présence de saint Macaire dans le lieu du paradis que Dante destine aux contemplatifs, et sa figure peinte au Campo Santo, prouvent assez la popularité de son histoire au moyen âge.