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entrée en religion, étant tombé dans la tiédeur, il eut un songe il lui sembla qu’il venait de mourir, et que saint Pierre et saint Jean l’assistaient. Ils le conduisirent premièrement en purgatoire, où il passa dans les ténèbres et dans la gêne trois jours qui lui parurent dix siècles. Puis, revenant le chercher, ils le menèrent par des chemins qui n’avaient rien de corporel, marchant d’un pas immobile à travers des clartés toujours plus vives jusqu’aux portes du paradis. Les chœurs des bienheureux étaient tournés vers l’orient, les uns cachant leurs têtes dans leurs mains, les autres étendant les bras, tous unissant leurs voix dans un concert sans fin. Vingt-quatre vieillards siégeaient sur des trônes plus élevés ; et à l’orient paraissait une lumière dont on ne voyait ni le commencement ni la fin, qui enveloppait tous les élus, qui les pénétrait, qui les couvrait, qui les soutenait. Anschaire ne vit luire en ce lieu ni le soleil ni la lune, il n’aperçut ni les cieux ni la terre car il ne s’y trouvait rien de matériel. Seulement un reflet pareil à l’arc-en-ciel environnait l’enceinte sacrée. Or ; du sein de la majesté divine une voix sortit souverainement douce, et qui parut néanmoins remplir le monde « Va, dit-elle au jeune moine, et tu reviendras martyr[1]. » Le même caractère de douceur

  1. Qui splendor tantœ magnitudinis erat, ut nec initium ejus nec finem contemplari valerem. Ipse omnes exterius circumdabat, ipse omnes interius satiando regebat, superius protegebat, in-