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enlèvent aux églises : c’est pour moi qu’ils travaillent. » Alors le bon seigneur se souvint que son hôte en se nommant à lui, s’était donné le nom de Nithard, c’est-à-dire le Malin ; mais comme il était juste et craignait Dieu, les démons ne purent rien sur lui ; il revint sain et sauf avec ses compagnons, son cheval et ses armes. Du reste, le narrateur a la sincérité de ne point garantir son récit ; il l’a reçu de la rumeur publique, et nous aimons à cueillir en passant cette fleur de poésie populaire qui a de la grâce et de l’éclat[1] . En remontant plus haut, nous rencontrons la célèbre vision du moine Wettin de l’abbaye de Reichenau, rédigée sous sa dictée par l’abbé du monastère, et mise en vers par Walafrid[2]. Deux jours avant sa mort, Wettin avait été ravi en esprit et, guidé par son ange gardien, il avait visité le triple séjour des âmes. Il vit les damnés livrés à d’affreuses tortures, roulés dans des torrents de feu, ensevelis dans des châsses de plomb, captifs entre des murs infranchissables, au milieu d’une épaisse fumée ; et il y reconnut beaucoup de prélats, de prêtres et de religieux[3] . Il gravit la montagne

  1. Liber visionum; 23. Aux numéros 19 et 20 se trouvent les récits de saint Boniface et de Bede, qu’on lira ci-après.
  2. Acta sançtorum ordinis S. Benedicti, saec. IV, pars II, p.263.
  3. Ibid.

    Quem plumbea possidet arca
    Judicii usque diem dubio sub fine vomendum

    .

    cf Inferno, IX. . Le supplice des hérétiques.