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Pendant que ces quatre récits, entrés pour ainsi dire dans l’héritage poétique des nations chrétiennes, font le tour de l’Europe et passent par toutes ses langues, il se trouve au fond du Nord ; -en Islande, un écrivain qui rassemble les traditions mourantes de sa patrie, pour en composer le célèbre recueil de l’Edda. A la suite des fables païennes ensevelies dans ce livre comme dans leur tombeau, on est étonné de rencontrer un chant chrétien, le Chant du Soleil, où le poëte, s’arrachant aux souvenirs d’une mythologie condamnée, s’efforce de reconstruire le monde invisible sur de meilleurs fondements[1]. Un père a rompu les lois de la mort pour venir instruire son fils, il le visite dans un songe et lui révèle les secrets de l’éternité. Il a parcouru d’abord les sept zones du monde inférieur. Des oiseaux noircis de fumée, qui étaient des âmes, tourbillonnaient comme un nuage de moucherons à l’entrée de l’abîme. Les femmes impudiques poussaient en pleurant des rochers ensanglantés. Par un chemin de sable brûlant marchaient des hommes couverts de bles-,

    gini e l’agnolo go disso quiesti sic martiri. (Quatre peintures représentent la procession des personnages célestes.)E di ce l’agnolo Giosafat, se tu combattere per la toa virginita tu sere in questa schera. J’ai voulu donner un spécimen de ce grossier dialecte.

  1. Edda Soemundar, t. I. Solar-liod. Sans doute le skalde islandais fut inconnu du poëte de Florence ; mais les rapports qu’on trouvera dans leurs récits montreront encore mieux l’antiquité des sources où tous deux puisent.