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de Dante : Habemus confitentem reum. Au sommet de la montagne des expiations, Béatrix apparaît dans la pompe d’un triomphe tout divin. Elle adresse au poète repentant, humilié, purifié, ces dures paroles : « Quand je changeai de vie, quand j’étais montée de la chair à l’esprit, quand je venais de croître en vertu et en beauté, il me quitta pour d’autres ; je lui fus moins chère ; il prit le faux chemin, en poursuivant des ombres de bonheur qui le trompèrent. Il ne me servit de rien d’obtenir pour lui des inspirations et des songes ; il tomba si bas que tout restait impuissant pour son salut, si je ne lui faisais-voir les races damnées[1]. » Et Dante répond par des aveux et par des larmes[2]. Béatrix toute seule n’avait donc rien obtenu de lui. Elle avoue l’impuissance du souvenir qu’elle avait laissé dans ce cœur en désordre. Il y avait huit ans que Dante avait perdu une personne si aimée ; il passait chaque jour dans ces rues

  1. Purgatorio XXX, tercets 42 et suiv.

    Si tosto come in su la soglia fui…
    Tanto giù cadde, che tutti argomenti
    Alla salute su a erra gia corti,
    Fuor che mostrargli le perdute genti.

  2. Purgatorio XXX, 12 :

    Piagendo dissi : Le presenti cose
    Col falso lor piacer volser mi’passi,
    Tosto che’l vostro viso si nascose.

    Le recueil des compositions lyriques de Dante n’atteste que trop la violence et la mobilité de ses passions.